Le traumatisme est le propre de l’homme…

L’être humain cherche depuis longtemps à déterminer ce qui fait de lui un animal à part.

Ne me demandez pas pourquoi ; c’est une préoccupation qui semble épargner l’épagneul breton, et j’avoue que j’envie l’épagneul breton sur ce coup-là.

Néanmoins, l’Homme, soucieux de prouver qu’il n’est pas un animal comme les autres, voire de montrer qu’il est un animal mieux que les autres, veut identifier ce qui le place indiscutablement en marge du règne animal.

A la recherche du propre de l’homme

Rabelais proposa le rire, mais on sait aujourd’hui que d’autres animaux rient. D’autres propositions ont été faites (je vous laisse chercher), plus ou moins convaincantes. Heureusement, Peter A. Levine, psychologue américain contemporain père de la Somatic Experiencing, semble avoir identifié, par hasard, ce qui est l’apanage des humains : le traumatisme, et son petit frère le blocage émotionnel.

Vous qui trimbalez des blocages plein vos valises psychologiques, réjouissez-vous : c’est ce qui vous distingue du chimpanzé !

 

Haro sur l’émotion !

Grâce à ses capacités intellectuelles, l’humain est capable de contrôler l’expression de ses émotions et de réfréner celles qui lui semblent socialement inacceptables. Et, contrairement aux autres animaux qui, bêtement, manifestent de la peur quand ils ont peur, l’humain utilise à fond cette capacité.

C’est particulièrement vrai dans l’univers très codifié du travail, mais c’est malheureusement vrai aussi dans le cadre familial, dès la petite enfance. Ainsi, dès tout petit, un enfant peut avoir intégré que certaines émotions ne peuvent être exprimées en présence de ses parents.

Pour illustrer cela, on peut commencer par citer les classiques des stéréotypes de genre :

  • pour les garçons, sois fort, donc ne montre ni ta peur ni ta tristesse,
  • pour les filles, sois douce et reste à ta place, donc ne manifeste pas de colère et ne t’affirme pas.

NB : je sais que c’est très cliché, mais ces stéréotypes sont encore extrêmement présents dans notre société.

Au-delà de ces codes sociétaux, chaque famille a ses particularités et ses « règles » en matière d’émotions. Certains parents ne supportent pas la colère (ni d’un garçon, ni d’une fille) et vont la réprimer, que ce soit par le chantage (fais plaisir à papa/maman, obéis et tu auras un bonbon / une heure de télé / une console de jeu / un poney) ou par la menace et les coups. D’autres ne tolèrent pas la peur. Avec un parent dépressif ou malade, il peut être compliqué d’exprimer de la joie, parce que ça fait du bruit et ça rentre en conflit avec les humeurs du parent en question. Avec des parents pour qui l’intimité est difficile, exprimer de la tendresse et de l’amour est exclu.

Bref, n’importe quelle émotion, qu’elle soit positive ou négative, peut être perçue comme inexprimable et chacun d’entre nous, en fonction de son héritage culturel et familial, a tendance à réprimer certaines émotions.

De la cocotte-minute émotionnelle

Or, schématiquement, on peut se représenter une émotion comme une quantité d’énergie à libérer. Pour chaque émotion qui n’est pas exprimée, l’énergie correspondante est « stockée » : elle reste dans notre système, prête à se manifester, comme une application qui resterait en permanence ouverte sur un ordinateur (et qui perturberait le fonctionnement des autres applis).

Plus on a tendance à se retenir d’exprimer une émotion donnée, plus on fait de stock de cette énergie émotionnelle en nous, et plus il est difficile de la contenir : on se transforme peu à peu en cocotte-minute sous pression.

A chaque fois qu’on rencontre une situation vaguement analogue à la situation dans laquelle on a stocké de l’émotion, notre système va essayer d’écouler son stock d’énergie émotionnelle correspondante… C’est ce qui explique qu’on ait des réactions disproportionnées par rapport à ce qui les a provoquées : c’est le stock (le passé) qui parle, pas le présent !

Si la « quantité d’énergie » stockée est petite, on appelle ça un blocage émotionnel ; si elle est grande, on appelle ça un traumatisme.

Moralité

Le contrôle de nos émotions est à la base de tous nos dysfonctionnements émotionnels. Plus on essaie de contrôler nos dysfonctionnements, plus on les renforce.

Alors cessons de contrôler : accueillons nos émotions 😉

1 commentaire

  1. Comme d’habitude super article.
    Merci beaucoup pour ces infos!

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